Fabien Robert est le correspondant de l’antenne régionale Pays de la Loire de l’association Colosse aux pieds d’argile. Il sensibilise et forme jeunes et adultes dans le milieu sportif, mais aussi partout où il y a des mineurs : milieu scolaire, animation… Il sera présent le samedi 26 novembre à la journée grand public des Assises nationales de lutte contre les violences sexistes.
Qu’est-ce que Colosse aux pieds d’argile ?
L’association a été créée en 2013 par Sébastien Boueilh, un ancien rugbyman personnellement victime de violences sexuelles intrafamiliales durant son adolescence. Il a fondé Colosse aux pieds d’argile pour faire de la prévention aux risques de violences sexuelles, de bizutage et de harcèlement dans le domaine du sport qu’il connaissait bien. Aujourd’hui, nous sommes 14 correspondants régionaux et nous avons élargi l’action à tous les lieux accueillant des mineurs, même si le secteur du sport reste notre marque de fabrique.
Le sport est-il plus concerné par ces violences sexuelles qu’un autre secteur de la société ?
Je ne le pense pas. Par contre dans le sport, le corps est au centre de l’attention, ce qui peut être source de violences : physiques et sexuelles mais aussi morales ou verbales. En France, le Ministère des sports s’est fortement investi depuis 2020 avec la création d’une plateforme de signalement des victimes. Résultat, la parole se libère : on comptait 200 signalements en 2020, 650 aujourd’hui. Nous proposons un accompagnement individuel aux victimes avec une psychologue et une juriste dédiées. Nous agissons aussi en prévention, pour éviter que ces situations ne se produisent : le sport est un formidable levier pour se former au respect du corps, le mien et celui des autres.
Comment travaillez-vous avec les clubs sportifs ?
Il s’agit de protéger les enfants mais aussi les encadrants dans leurs pratiques, car la plupart sont bienveillants. On les fait réfléchir aux bonnes postures à adopter à partir d’une charte de recommandations. Sur la base des différents témoignages de victimes, nous avons identifié les lieux et situations de vulnérabilité : les douches, les vestiaires, l’hébergement, le transport en car ou en voiture individuelle. Dans toutes ces situations, nous faisons des préconisations : aucun adulte dans la salle de douche, pas d’enfant assis à côté du conducteur… Nous parlons aussi cyber-harcèlement : dans un vestiaire, le téléphone portable doit rester éteint au fond du sac.
Un exemple à Nantes ?
Je viens d’intervenir au club de foot de la Saint-Médard, dans le quartier de Doulon. J’ai rencontré 52 joueurs de 8 à 13 ans puis 30 adultes : parents, dirigeants, bénévoles. Au début, certains enfants étaient déçus de ne pas faire leur entraînement habituel. Avec eux, j’ai abordé les réseaux sociaux : 2/3 des enfants avaient déjà reçu des images à caractère sexuel sans leur consentement ! Finalement, les échanges ont été très animés et ils ne voulaient plus partir ! Quand on offre un espace d’échange aux enfants, ils le saisissent. Et le club de sport a un rôle majeur d’éducation à jouer.
Si le club de mon enfant ne propose rien, faut-il qu’il arrête son sport ?
Ah non, il est indispensable de laisser aux enfants un espace à eux et le sport en est un ! Par contre, en tant que parent, il faut créer le plus de confiance possible avec son enfant, lui passer des messages le plus tôt possible, lui apprendre à se laver seul, à respecter le corps des autres, à donner son avis, à savoir dire oui ou non. Ça l’aide à grandir avec les bons repères. Le parent peut aussi inciter le club de son enfant à aborder ce sujet des violences dans le sport. Chacun doit prendre sa part dans la prévention.
Pratique
Fabien Robert interviendra le samedi 26 novembre à 11h lors d’une conférence interactive aux Assises nationales de lutte contre les violences sexistes. C’est gratuit sur inscription.