Après 10 ans passés au magazine Madmoizelle, l’ancienne rédactrice en chef Myriam Haegel, alias Mymy Haegel, est aujourd’hui créatrice indépendante de contenus. On la retrouve sur Instagram et Twitch, elle intervient aussi en école de journalisme ou auprès de marques. Elle sera à Nantes le samedi 26 novembre lors de la journée grand public, pour un échange sur l’amitié après #MeToo.

Que pensez-vous de ces Assises, pourquoi y participer ?

C’est à mon avis un événement incontournable. Le 25 novembre, c’est le deuxième 8 mars et il n’y a pas tant d’occasions pour célébrer le chemin parcouru et regarder ensemble celui qui reste à parcourir. C’est donc un honneur pour moi de participer, de voir que des institutions et une grande ville comme Nantes légitiment ce combat contre les violences sexistes. J’étais venue en 2021 au Printemps des Fameuses, heureuse de voir qu’elles donnaient la parole à des féministes venues d’horizons variés. Je reviendrai avec grand plaisir.

A quelle condition ces Assises seront-elles une réussite ?

L’important, c’est que le message soit entendu et accessible à des gens qui ne sont pas déjà convaincus ou sensibilisés : des hommes, des femmes aussi, des jeunes… J’espère aussi qu’on en repartira pas trop déprimé : il y a beaucoup de drames, il faut en parler. Mais il y a aussi de l’espoir, des preuves que les choses avancent, on n’a pas encore gagné la guerre mais il faut célébrer les batailles remportées !

Le 26 novembre, vous interviendrez sur l’amitié après #Metoo, qu’a changé ce mouvement ?

Je pense qu’il a fait comprendre à beaucoup la pente très glissante du harcèlement et des violences sexistes. Les violences ne sont pas toujours physiques, elles concernent aussi la domination dans le monde du travail, les pressions psychologiques… Avec #Metoo, on a beaucoup appris sur la réalité de ces violences, c’est devenu un sujet de débat public grâce à toutes celles qui ont osé témoigné. #Meetoo a aussi permis à pleins de concepts féministes – culture du viol, harcèlement de rue – d’être mis sur le devant de la scène, c’est aussi essentiel.

D’où vient votre engagement féministe ?

J’avais déjà de bonnes bases : deux sœurs, une mère volontaire sur ce sujet et un père très porté sur l’égalité. En fin d’adolescence, j’ai vraiment découvert le féminisme avec des autrices, blogueuses indépendantes, qui m’ont ouvert la porte aux concepts. Durant mes années Madmoizelle, j’ai grandi dans mon approche dans un environnement féminin et féministe, j’ai avancé au contact des lectrices du magazine et de toutes mes rencontres. Je suis une féministe optimiste : je pense qu’à la fin on va obtenir l’égalité. Et on va le faire ensemble avec les hommes, en empathie et en bienveillance.

Avez-vous une actualité à nous partager ?

Ah oui, le prix Nobel accordé à Annie Ernaux ! Je me suis construite avec la culture populaire, donc très masculine. Je m’intéresse beaucoup à la culture, à la littérature et pourtant j’ai découvert très tard les écrits d’Annie Ernaux. C’est un beau prix Nobel car il permet de parler de la place des femmes dans la littérature, des écrivaines qui ont été inspirées par ses écrits, de ses héritières.

Si vous pouviez prendre une mesure phare pour lutter contre le fléau des violences sexistes, ce serait quoi ?

Tout commence avec l’éducation. Je regrette personnellement de ne pas avoir assez appris sur l’histoire des luttes des femmes avant nous. Du coup, je mettrais un cursus Histoire des luttes pour l’égalité (en intégrant aussi les luttes LGBTQI+). Il faut qu’on connaisse les héros et héroïnes de ces luttes en France et en Europe.

Son conseil de lecture :

« Le mythe de la virilité : un piège pour les 2 sexes » d’Olivia Gazalé.

« C’est un livre d’une universitaire, il est à la fois légitime et très accessible. Ce mythe de la virilité fait du mal aux femmes certes, mais aussi aux hommes en les enfermant dans un rôle.